Existe-t-il des lignes directrices et des incitations pour une culture du bâti de qualité ?

Le quartier des arts Plateforme 10 a été inauguré en été 2022 sur l’ancien site des halles destinées aux locomotives des CFF, à côté de la gare de Lausanne. Sa conception a fait l’objet d’un concours auquel 18 équipes ont participé. Douze ans se sont écoulés entre l’organisation du concours et l’achèvement du site. À côté du Musée cantonal des Beaux-Arts (MCBA), inauguré en 2019, le nouveau bâtiment qui abrite Photo Elysée et le Musée cantonal de design et d’art appliqué (Mudac) est également terminé.

Le lieu s’adapte-t-il tout en préservant son patrimoine bâti ?

Les CFF possèdent dans toute la Suisse des terrains situés à des emplacements centraux dont ils n’ont plus besoin pour l’usage initialement prévu. À Lausanne, ils ont remis la parcelle d’environ 20 000 m2 au canton de Vaud pour qu’il puisse lancer la conception du nouveau MCBA. La Plateforme 10 réunit désormais en un lieu central trois musées qui étaient auparavant situés à différents endroits de la ville, ainsi que deux fondations et trois restaurants. Le site nouvellement inauguré intègre aussi un chemin destiné à la mobilité douce (la Voie verte) qui relie directement l’Ouest lausannois et la gare.

Le lieu est-il entretenu et développé de façon durable ?

Le site ne conserve que très peu de trace de son usage antérieur et des halles CFF. Tous les bâtiments historiques et presque toutes les voies ont disparu. Les seuls témoins du passé sont le pont tournant destiné à manœuvrer les trains à l’entrée du site et une partie de la halle aux locomotives, à savoir le pignon de la nef centrale, caractérisé par sa voûte et sa grande verrière cintrée, que les architectes ont intégré dans la longue façade du MCBA donnant sur les voies. Le charme des anciens bâtiments industriels a été remplacé par un ensemble architectural résolument contemporain incluant une esplanade.

Le lieu reste-t-il attrayant à long terme comme espace de vie, de travail, de loisirs et de tourisme ?

Avec ce projet, le canton de Vaud remplit sa mission de soutenir, conserver et valoriser ses propres institutions culturelles. Les anciens bâtiments qui abritaient auparavant les trois musées ne satisfaisaient plus aux exigences contemporaines en matière d’infrastructure muséale. Les nouveaux édifices offrent davantage de surfaces consacrées aux expositions et plus de place pour les collections. Avec ce nouveau quartier des arts, le canton souhaite aussi attirer davantage de touristes étrangers.

Le lieu favorise-t-il la communauté ?

Même si elle est ouverte à tous, la Plateforme 10 s’adresse par son offre avant tout à un public intéressé par la culture. Sur la vaste esplanade, des grandes plateformes de sièges en forme de disque en béton et en bois inspirées par le pont tournant conservé à l’entrée du site invitent à s’asseoir, à s’étendre ou à jouer. Il est concevable que les Lausannoises et les Lausannois s’approprient aussi progressivement le site pour d’autres usages et qu’il devienne un lieu de rencontre tant pour les habitants que pour les visiteurs.

Le lieu a-t-il été analysé en profondeur avant l’intervention ?

Après l’échec d’un premier projet de nouveau bâtiment pour le MCBA au bord du lac Léman, le canton de Vaud lance en 2010 un nouveau concours pour le périmètre à côté de la gare. Ce concours porte sur le nouveau bâtiment du MCBA et sur un schéma directeur pour l’ensemble du site. Au terme d’un intense processus de réflexion architecturale et de négociation politique, les travaux pour le MCBA peuvent commencer en 2016 et le bâtiment est inauguré en 2019. Le nouveau musée dispose de nettement plus de surfaces d’exposition que dans ses locaux précédents. En 2015, le canton lance un autre concours pour le nouveau bâtiment qui doit accueillir Photo Elysée et le Mudac.

Le lieu suscite-t-il l’identification et l’attachement à son égard ?

Le quartier des arts Plateforme 10 crée à l’ouest de la gare de Lausanne un pôle culturel et artistique comme il en existe dans d’autres villes. La vocation culturelle de ces sites et la proximité des institutions qu’ils accueillent en font potentiellement des terreaux favorables à l’émergence de la nouveauté. Cela peut être des offres spontanées, facilement accessibles, tout comme des grands événements organisés, dont le dénominateur commun est de favoriser la convivialité.

Le lieu a-t-il un impact affectif sur le spectateur ?

Les nouveaux bâtiments et les arcades rénovées présentent une haute qualité architecturale et technique. Le sol presque entièrement imperméabilisé et le caractère encore peu végétalisé de l’esplanade n’invitent pour l’instant guère à s’y attarder. On souhaiterait un espace extérieur mieux intégré et offrant davantage d’ombre les jours de chaleur. La physionomie de la Plateforme 10 changera certainement lorsque les arbres auront poussé.