Qui se préoccupe de la qualité du lieu ?

La ferme Löwen se trouve dans le petit village de Meistersrüte au nord-est d’Appenzell. La ferme et les pâturages sont transmis au sein de la famille depuis des générations et adaptés aux besoins des propriétaires respectifs. La construction en bois est située au pied d’une colline où sont bâties d’autres fermes isolées. Ce paysage à habitat dispersé est typique pour le canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures. Il représente comme aucun autre paysage suisse le lien avec la tradition et la culture du bâti régionale. Pour le préserver, le canton a élaboré une loi sur les constructions qui fixe des exigences de qualité élevées pour la construction hors des zones à bâtir.

Le lieu répond-il aux besoins ?

Bâtie à l’origine pour servir de maison paysanne et d’établissement public, la ferme Löwen ne sert aujourd’hui plus que d’exploitation agricole. La route principale passait autrefois directement devant le bâtiment, ce qui explique qu’il ait pu être utilisé comme établissement public. Aujourd’hui, la route passe un peu plus au sud. Le bâtiment a conservé sa forme typique, qui combine maison d’habitation et étable attenante, et ses couleurs particulières.

Le lieu est-il entretenu et développé de façon durable ?

Afin d’éviter que l’habitat dispersé traditionnel ne se transforme en paysage morcelé, l’aménagement du territoire cantonal poursuit une double stratégie : d’une part, en renforçant le développement vers l’intérieur des principales agglomérations, y compris en mobilisant des nouvelles zones à bâtir, et, d’autre part, en préservant l’habitabilité des fermes existantes, puisque de moins en moins de personnes travaillent dans l’agriculture. Les fermes doivent cependant rester habitées afin de conserver l’identité et l’authenticité de ce paysage traditionnel.

Les matériaux et méthodes de construction ont-ils un cycle de vie long qui réduit l’entretien et préserve, voire accroît, la valeur du lieu ?

Bâtie probablement en 1823, la ferme est encore constituée en grande partie par les composant originels. À l’intérieur, les murs, les sols et les portes, y compris leurs serrures et leurs ferrures, témoignent de l’époque de la construction. On trouve encore dans le salon un buffet en bois et un poêle dont les carreaux de faïence proviennent du poêle d’origine. La façade principale, orientée vers le sud, a également conservé son aspect et sa couleur voyante d’origine. Les principales transformations ont porté sur l’accès, les fenêtres et la façade de derrière. La ferme Löwen incarne une architecture simple et robuste faite pour durer.

Le lieu garantit-il l’égalité, la liberté, la sécurité et les moyens d’existence ?

En Appenzell Rhodes-Intérieures, les fermes sont traditionnellement bâties là où se trouve la base de subsistance de chaque famille. La présence d’eau est un facteur décisif. Les versants sud sont les plus appréciés en raison de l’ensoleillement et le bois de construction vient des propres forêts. La ferme est située librement dans le paysage et les prairies s’étendent jusqu’aux murs de la maison. Aujourd’hui, de nombreuses fermes sont habitées par des personnes qui ne travaillent pas dans l’agriculture, ce qui entraîne une augmentation du trafic pendulaire et une lente mutation du paysage.

Le lieu dialogue-t-il avec le paysage, la structure urbaine, les couleurs et les matériaux ?

La ferme traditionnelle Löwen se caractérise par ses couleurs et la juxtaposition de la maison d’habitation et de l’étable. L’association chromatique est une particularité des fermes de Rhodes-Intérieures. La partie réservée à l’exploitation est peinte dans une couleur beaucoup plus intense que le bâtiment d’habitation. La répartition des teintes est toujours la même : parois jaune-beige, portes rouges et volets verts – à l’instar des couleurs du costume de l’armailli appenzellois. Les lambris de la maison d’habitation sont eux peints en clair – dans le cas présent avec un blanc cassé.

La qualité de l’espace améliore-t-elle la qualité de vie ?

Afin d’éviter que l’habitat dispersé traditionnellement agricole se transforme en un paysage morcelé, le canton s’est doté d’une législation sur les constructions moderne pour piloter le processus de transformation. Cette législation accorde une importance centrale à la conservation de l’identité et de l’authenticité de l’habitat dispersé traditionnel. Les dispositions ont été élaborées lors d’un processus participatif par les membres du Grand Conseil, les communes et la population.

La conception du lieu tient-elle compte des abords ?

La fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage a désigné l’habitat dispersé d’Appenzell Rhodes-Intérieures comme paysage de l’année 2015. Elle souligne à cet égard combien la culture du bâti rurale y est restée bien conservée. Le canton dispose depuis 2012 de dispositions sur les constructions qui sont exemplaires à l’échelle suisse. Le but est avant tout de préserver les bâtiments existants. En cas de démolition et de reconstruction, une attention particulière doit être apportée à l’effet général de l’ensemble formé par le nouveau bâtiment et ses abords.