Existe-t-il des lignes directrices et des incitations pour une culture du bâti de qualité ?

Le site de l’entreprise Ascenseurs Schindler SA se trouve à Ebikon depuis 1957. Le propriétaire de l’entreprise fondée en 1874 a déménagé son siège principal à cet endroit, car la société avait fini par se sentir à l’étroit à Lucerne. Le complexe industriel, aujourd’hui classé, est le résultat d’un concours d’architecture auquel participèrent 12 bureaux dans les années 1950. Érigé en pleine nature, il comprend des ateliers de production encore utilisés, un bâtiment allongé pour l’administration et une tour d’essai. Le site a ensuite été progressivement agrandi au cours des décennies suivantes.

Le lieu s’adapte-t-il tout en préservant son patrimoine bâti ?

Schindler continue à utiliser les bâtiments construits dans les années 1950. Les ateliers de production, aux toits à sheds caractéristiques, servent à la réparation des ascenseurs et à la fabrication des commandes spéciales. C’est là que l’entreprise forme ses apprentis. Le bâtiment allongé de quatre niveaux abrite le siège suisse de la société. Les bâtiments réalisés lors de la première étape de construction ont été rénovés entre 1996 et 2000. Le bâtiment administratif situé à l’angle sud-ouest du campus, qui abrite le siège de la direction générale du groupe, a été transformé entre 2017 et 2020 et complété avec un nouvel édifice qui comprend une exposition, le restaurant du personnel et un amphithéâtre.

Le lieu promeut-il la biodiversité ?

La dernière intervention en date sur le campus a porté sur les espaces extérieurs. Là où jusqu’il y a peu des voitures se parquaient, un parc a été aménagé entre les bâtiments. L’entreprise y a fait planter 171 arbres et 124 arbustes, tous d’espèces indigènes. Une bonne part (41 %) des abords des bâtiments sont désormais dans un état proche de la nature, ce qui favorise la biodiversité et offre aux collaborateurs des nouvelles possibilités pour passer du temps à l’extérieur. La transformation des espaces extérieurs a été récompensée par la fondation Nature & Économie en 2022.

L’économie de la conception, de la construction et de l’exploitation favorisent-elles l’abordabilité du lieu ?

Le siège de l’entreprise est à Ebikon depuis plus de 60 ans. Il est constamment adapté à l’évolution des besoins. Depuis 2019, l’électricité utilisée sur l’ensemble du campus est climatiquement neutre. Schindler produit environ 45 % de l’électricité avec des panneaux photovoltaïques installés sur différents bâtiments et surtout avec l’installation d’énergie solaire intégrée dans les façades du parking couvert. Le reste des besoins en électricité est couvert avec du courant provenant d’installations hydrauliques. Le bâtiment administratif rénové et le nouveau bâtiment sont certifiés avec le label international de durabilité LEED.

Le lieu favorise-t-il la convivialité et la mixité ?

Près de 2000 personnes travaillent sur le campus, dont 320 apprentis dans 12 professions. Schindler offre 10 postes de travail inclusifs en collaboration avec l’AI et 15 autres postes en collaboration avec la fondation Brändi, à Kriens. Comme le site d’Ebikon abrite aussi le siège mondial du groupe, les collaborateurs viennent de nombreux pays différents.

Le patrimoine bâti et les spécificités régionales sont-ils préservés et mis à profit ?

Depuis le concours pour la construction de la première génération de bâtiments, le campus est développé avec soin et l’existant est entretenu conformément aux exigences découlant de sa valeur patrimoniale. Il est impressionnant de constater que Schindler continue à produire une partie de ses ascenseurs et des accessoires dans les ateliers historiques, odeur de métal comprise. Ici, l’histoire industrielle n’est pas seulement visible, elle est aussi olfactive.

L’usage est-il compatible avec l’écologie ?

Là où les surfaces étaient avant imperméabilisées pour servir de parking, un aménagement proche de l’état naturel utilisant des espèces indigènes favorise et promeut aujourd’hui la biodiversité. Cette mesure est combinée avec l’adaptation aux changements climatiques et les principes de la ville éponge – rétention, évaporation lente, échange de l’eau avec le sous-sol. Les espaces extérieurs servent désormais d’espace de détente pour les visiteurs et les collaborateurs et valorisent le siège de l’entreprise sur le plan visuel.

Le lieu a-t-il un impact affectif sur le spectateur ?

Ebikon n’est ni Lucerne ni Zurich. Avoir son siège en pleine campagne est plutôt inhabituel pour un groupe industriel présent dans le monde entier comme Schindler, mais c’est aussi typiquement suisse. Avec ses bâtiments historiques et contemporains et ses espaces végétalisés, le vaste site de près de 200 000 mètres carrés forme un ensemble harmonieux qui assume parfaitement ses contrastes.